Pour faire suite à la réponse formulée par l’AGEBdeB par rapport au texte «Un congrès pour les terminer tous», nous souhaitons apporter quelques précisions sur nos intentions quant au déroulement du prochain congrès des 27 et 28 avril. D’abord, nous tenons à exprimer qu’il n’était nullement dans nos intentions d’insulter qui que soit, et que l’emploi de termes forts pour désigner la situation actuelle de l’ASSÉ ne relevait pas de la provocation, mais nous semblait exprimer avec justesse cette situation. La vive réaction de l’AGEBdeB nous a surpris, considérant que nous avions plutôt l’impression d’énoncer un constat largement partagé: depuis plusieurs années, de nombreux textes de réflexion ont été publiés, appelant à la fois à la fin de l’ASSÉ et à une réflexion soutenue sur la reconfiguration du mouvement étudiant,1 nécessitant de penser cette reconfiguration sans qu’elle ne renforce la tendance lobbyiste des fédérations étudiantes. Comme nous le disions précédemment, il n’était pas dans notre volonté de proposer un bilan critique de l’ASSÉ, à l’heure où de nombreuses associations locales prennent des mandats de dissolution, mais plutôt d’enjoindre les associations membres de l’ASSÉ à se présenter en congrès à la fin avril, afin que soit proposé un plan de sortie de crise. Après avoir effectué un travail de recension dans toutes les associations membres, nous en étions venu-es au constat que le congrès risquait, encore une fois, d’être bloqué en raison d’une faible mobilisation et de l’absence de mandats quant à l’avenir de l’organisation. Nous avons vu, d’une part, plusieurs associations se doter de mandats de dissolution: l’AECS, l’AFESH-UQAM, l’AEMSP-UQAM, l’AECSSP-UQAM, l’AÉÉH-UL, l’AECSF, l’ABEILL, et d’autre part, nombre d’associations peiner à traiter la question de l’affiliation nationale elle-même.
C’est d’ailleurs en raison du peu d’intérêt suscité par la question de l’avenir de l’ASSÉ que nous en sommes venu-es à proposer d’en finir avec l’ASSÉ, dans l’optique où une nouvelle organisation puisse naître en s’inspirant des luttes actuelles. Réformer l’ASSÉ, alors que celle-ci est tellement décalée au niveau politique que plusieurs de ses membres ne voient plus l’intérêt de s’y investir et préfèrent s’organiser en dehors de ses structures nous apparaît limité. Il est vrai que le désinvestissement de l’ASSÉ et sa potentielle dissolution font craindre le pire à certaines associations plus isolées, mais force est de constater que cet isolement est déjà à l’œuvre, et que seul un mouvement basé sur une approche démocratique et combative permettra de ne pas sombrer dans une période corporatiste. Or, considérant l’enthousiasme provoqué par le mouvement pour le climat, l’occasion est idéale pour qu’émergent de nouveaux liens ancrés dans la lutte et de nouvelles solidarités. Il n’en revient qu’à nous de profiter de cette conjoncture, en prenant acte des critiques adressées aux différentes organisations nationales ayant façonné le mouvement étudiant québécois, mais aussi celles ayant émergé durant les derniers mois lors de la grève des stages. Des initiatives en ce sens existent déjà: au Cégep Saint-Laurent, par exemple, cela fait plus d’un an qu’une proposition en vue d’un «Syndicat inter-régional collégial» est discutée, il serait donc particulièrement intéressant qu’on tire parti de la présence de plusieurs associations étudiantes au prochain congrès pour qu’en émane une orientation permettant l’épanouissement du mouvement étudiant.
Solidairement,
l’exécutif de la SOGÉÉCOM
1Pensons par exemple au texte du CUTE-Sherbrooke paru en 2017, Mourir sans quorum, au texte collectif d’ancien-nes du mouvement étudiant datant du début 2018 Une nouvelle crise à dépasser, de nouvelles luttes à préparer, au texte paru dans le numéro d’automne 2018 du CUTE magazine Réflexion sur la grève des stages et la reconfiguration du mouvement étudiant, ou bien au texte envoyé sur assé-support en vue du congrès, Un climat à préserver: perspectives sur une lutte à gagner.