Pour la première fois dans le milieu étudiant, la campagne actuelle, grâce à ses bases résolument féministes, met de l’avant le travail gratuit effectué par les stagiaires, et inclut donc les stages dans les mandats de grève.
Or, l’encadrement et la typologie des stages rendent ceux-ci particulièrement individualisants, isolent les stagiaires grévistes et rendent plus difficile le maintien d’un rapport de force vis-à-vis des professeur-es et des administrations des établissements d’enseignement. C’est donc pour cette raison qu’en assemblée générale de grève, les membres de la SOGÉÉCOM ont adopté le mandat suivant: «Qu’advenant une reprise des heures de cours ou de stages imposée par l’administration du cégep, toute journée de reprise soit aussi une journée de grève.»
Or, malgré l’adoption de ce mandat, l’administration du Collège de Maisonneuve s’obstine à vouloir imposer quatre journées de reprises, qui inclue d’ailleurs la journée de l’Assemblée générale de grève, créant ainsi un précédent inquiétant. Depuis le début des négociations, l’administration se réfugie derrière l’obligation légale d’offrir 82 jours de cours pour allonger la session d’une semaine entière. Pourtant, rappelons que cette fameuse loi des 82 jours est flexible, puisque « […] le collège peut, exceptionnellement, au regard d’un programme d’études qui requiert l’application de modalités pédagogiques particulières, dans la mesure où toutes les conditions du programme prescrites par le ministre sont respectées, organiser une session qui comporte moins de 82 jours consacrés aux cours et à l’évaluation.»
Devant cet entêtement, la SOGÉÉCOM a communiqué, autant avec l’administration qu’avec le SPPCM (Syndicat des Professeures et Professeurs du Collège de Maisonneuve) son intention de faire respecter le mandat d’assemblée générale, en appelant au piquetage devant le cégep lors des journées de reprises, au mois de mai, et en invitant les professeur-es à adapter leur calendrier scolaire afin que la matière soit complètement donnée avant la première journée de reprise. De nombreux-ses professeur-es nous ont signifié leur appui, puisque comme nous, ils et elles comprennent qu’une grève, si elle est reprise à la fin de la session, perd une part considérable de son poids politique. L’obligation de reprendre les journées de grève et les pressions administratives ne sont pas spécifiques au Collège de Maisonneuve: à l’UQAM, en éducation, de nombreux-ses stagiaires sont actuellement menacé-es d’échouer leur stage s’iels ne reprennent pas l’entièreté des journées de grève. En plus de créer un climat de crainte face aux représailles, les décisions concertées des institutions d’enseignement face au mouvement de grève semblent pointer vers une recommandation ministérielle visant à étouffer tout futur mouvement de grève. Les modalités de reprises abusives au Cégep du Vieux-Montréal la session dernière en témoignent autant que l’entêtement du Collège Maisonneuve à reprendre trois jours de grève. Au Cégep Saint-Laurent, la session dernière, c’est devant la pression exercée par les étudiant-es que l’administration est revenue sur sa décision d’imposer la reprise de la semaine de grève, prouvant ainsi qu’il est possible pour les cégeps de ne pas nécessairement offrir l’entièreté des 82 jours de cours et d’examens.
Cet acharnement est donc incontestablement politique: il s’agit, à l’évidence, de réduire le pouvoir des associations étudiantes en mettant en péril le moyen de pression que représente la grève. Après des négociations houleuses, lundi, le Directeur des Études, Guy Gibeau, s’est empressé de transmettre à la population étudiante que «le Collège n’est en aucune façon lié aux décisions de l’assemblée étudiante», montrant encore une fois son mépris des instances démocratiques étudiantes.
Contre les menaces de reprises et la répression, soyons solidaires!