Les années 2000

Début des années 2000 : Luttes au libre-échange et renouveau du syndicalisme étudiant!

On l’a vu, l’opposition à la privatisation grandissante des institutions d’enseignement postsecondaire et la solidarité internationale occupent une place importante dans les luttes étudiantes de la fin des années 1990. Toujours au niveau national, la SOGÉÉCOM sera de tous les combats pour le droit à l’éducation. Elle participe entre autres à la mobilisation contre le Sommet du Québec et de la jeunesse en février 2000. La SOGÉÉCOM sera par la suite présente dans la lutte contre la taxe à l’échec en organisant un boycott du paiement à Maisonneuve, combat qui se soldera par l’abolition de cette mesure à l’automne 2001. La lutte contre la privatisation et la marchandisation de l’éducation demeure son principal cheval de bataille dans les années suivantes, comme le démontre la manifestation et la grève du 21 février 2002.

À plus large échelle, la lutte contre la mondialisation capitaliste fait aussi partie des grandes mobilisations de la SOGÉÉCOM depuis Seattle en 1999. Elle participe aux différents mouvements contre l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) et le G-20. Mais surtout, en avril 2001, elle participe aux mobilisations contre le Sommet des Amériques de Québec, une rencontre réunissant les chefs d’État du continent afin de mettre en place une zone de libre-échange, dont les mesures sont décriées partout dans les Amériques. Un gymnase bondé et survolté (2000 personnes) vote quatre jours de grève contre le Sommet. C’est plus de 90 % des membres présent-e-s qui votent en faveur du débrayage. Lors de cette manifestation, la police refoule les manifestant-e-s en utilisant du gaz lacrymogène. Plusieurs dizaines de personnes seront blessées et la police procédera à des centaines d’arrestations. Pour en savoir plus sur le déroulement des mobilisations autour du Sommet des Amériques, vous pouvez notamment visionner le documentaire Vue du Sommet. C’est dans la foulée de ces événements que des associations étudiantes (dont fait partie la SOGÉÉCOM) décideront de mettre sur pied une nouvelle organisation nationale, l’Association pour une solidarité étudiante (ASSÉ).

Toujours en avril 2001, la SOGÉÉCOM est aussi l’hôte de la Deuxième rencontre internationale étudiante pour l’éducation publique et gratuite. Du 12 au 16 avril, une centaine de délégué(e)s provenant d’une douzaine de pays se réunissent au collège. On constate alors que la mondialisation entraîne sur l’ensemble du globe une série de mesures qui menacent l’éducation publique. La privatisation et la marchandisation de l’éducation n’ont pas de frontières.

En continuité avec la lutte contre le Sommet des Amériques, la SOGÉÉCOM participe à la campagne « Bas les masques ! À bas la ZLÉA! » organisée par l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) au cours de la session d’automne 2002. Cette campagne s’oppose à l’accord de la Zone de libre-échange des Amériques (ZLÉA) et vise à informer la population étudiante des dangers d’un tel accord pour toutes les sphères de la société. Le point culminant de cette campagne est une manifestation regroupant plus de 10 000 personnes dans les rues de Montréal le 31 octobre 2002. Cette manifestation est malheureusement récupérée médiatiquement par les fédérations étudiantes (la FECQ et la FEUQ). Les manifestant-e-s apprennent ainsi, en lisant les journaux du lendemain, qu’ils et elles n’ont pas manifesté contre la ZLÉA mais « contre l’inclusion de l’éducation dans la ZLÉA » (ce qui était la revendication corporatiste des deux fédérations, refusant ainsi toute solidarité avec les autres mouvements sociaux)!

Une autre lutte à laquelle la SOGÉÉCOM participe est le mouvement s’opposant à l’intervention militaire des troupes américaines en Irak en 2003. Rappelons que ce mouvement engendre une impressionnante participation au niveau mondial; juste à Montréal, on peut voir le 15 février 2003 une manifestation regroupant environ 150 000 personnes.

Après cette période d’intense activité, la SOGÉÉCOM entre dans une période plus creuse, le conseil exécutif de l’association étudiante préférant se concentrer uniquement sur des dossiers internes et sur l’organisation d’évènements tels que les partys. En mai 2003, la SOGÉÉCOM se désaffilie de l’ASSÉ. Cette désaffiliation controversée se fait par le biais d’un avis de motion plutôt nébuleux et confus, dans une assemblée de fin de session alors qu’aucune information n’a été diffusée à ce sujet préalablement. Les années qui suivent sont plutôt calmes à la SOGÉÉCOM, le seul gain notable qu’elle réussit à acquérir étant la mise sur pied d’un café étudiant (après plusieurs années de démarche). L’exécutif en place décide toutefois d’en confier la gestion à COOPSCO, enlevant ainsi aux étudiant-e-s toute possibilité de décider directement des orientations de leur café étudiant. Heureusement, cette période de démobilisation est plutôt courte.

La grève générale illimitée de 2005

Lors de la grève générale illimitée de 2005, initiée par l’ASSÉ, la SOGÉÉCOM recommence à s’intéresser à une pratique plus syndicale. Malgré tout, elle n’entre en grève que deux semaines après le déclenchement de la grève, ce qui peut s’expliquer en partie par l’orientation des exécutifs des années précédentes, qui avaient mis de côté la mobilisation constante de la population étudiante. Pour en savoir plus sur le déroulement de cette longue grève qui s’opposait à une réforme majeure de l’Aide financière aux études, vous pouvez notamment consulter ce dépliant qui en retrace les principaux événements et débats, ou encore les Annales de la grève, une revue de presse qui suit le fil de la mobilisation à travers tout ce qui s’est dit ou écrit à son sujet! Suite à cette mobilisation, de l’automne 2005 à l’automne 2006, la SOGÉÉCOM sera le lieu de conflits internes entre les tenants d’une vision corporatiste des associations étudiantes qui travaillent main dans la main avec l’administration, et une vision plus syndicale qui, convaincue par l’expérience de la grève, cherche à remettre de l’avant l’information et la mobilisation de la population étudiante.

Dégel et grève : mobilisations de 2007

C’est dans ce contexte que le gouvernement libéral de Jean Charest annonce une hausse des frais de scolarité de 100$/année sur cinq ans, qui doit commencer à l’automne 2007. Les associations étudiantes, encore échaudées par la lutte de l’hiver 2005 se mobilisent rapidement et la SOGÉÉCOM ne fait pas exception. Le 29 mars 2007, plusieurs cégeps et universités sont en grève pour démontrer leur opposition à la loi 43 et réclamer la gratuité. À Maisonneuve, malgré un vote sans équivoque en faveur de la grève, les lignes de piquetage sont particulièrement houleuses.

Avant même la tenue de l’assemblée générale, la direction annonce qu’elle ne reconnaîtra pas la grève (en se cachant derrière les articles tous neufs de la Loi 43) et fait tout en son pouvoir afin qu’elle échoue. Elle engage des gardiens de sécurité d’une firme privée pour arracher les affiches informant les étudiant-e-s de la tenue de la journée de grève. Ces mêmes gardiens sont d’ailleurs présents en nombre imposant devant les lignes de piquetage lors de la journée de la grève. La direction du collège affirme alors que c’est pour « protéger les lignes de piquetage », mais elle déclenche elle-même un affrontement entre étudiant-e-s en ordonnant aux gardiens d’ouvrir toutes les portes du collège en même temps. Si les grévistes se concentrent alors sur la fermeture des portes, plusieurs étudiant-e-s qui ne respectaient pas le mandat de grève et exigeaient d’entrer se montrent agressifs et agressives et quelques grévistes sont frappé-e-s et bousculé-e-s. Les portes sont toutefois rapidement fermées et la direction doit céder et déclarer la levée des cours. Ainsi la SOGÉÉCOM peut amener un contingent décent à la manifestation organisée par l’ASSÉ, qui rassembla plus de 3000 personnes sous le thème de la gratuité scolaire. On annonce alors une campagne de grève générale illimitée pour l’automne 2007 afin de bloquer la hausse de frais dès sa mise en place.